Je suis l’opulence confortable et bien née.
Ma confiance s’enracine dans l’aisance familiale,
Belles manières, mots choisis, je suis à mon affaire dans les mondanités.
Imperturbable descendant de banquier lombard, je repère et j’ignore le mortel vulgaire, besogneux et plaintif, inculte voire vilain.
Papillon gras et gracile, je virevolte de dîners confidentiels en premières sélects.
Je gargarise avec gourmandise les potins et sarcasmes.
Je racle bas la fange tout en n’y touchant pas.
Je polis chaque jour ma vitrine magique,
Je parade en famille, je pérore entre amis,
Je suis fermeture de l’entre soi.
Je consanguine avec naturel,
Ma semence féconde les pouliches choisies dans les près de même altitude,
Je suis le ventre de Joséphine, matrice des purs sangs.
Par ma chair se transfuse une lignée remarquable.
Héritier centenaire, le regard des ancêtres est braqué sur ma tempe.
Je suis misère de l’âme.
Affairé sans répit au maintien de mon rang, je suis orphelin du sacré, aveugle au merveilleux, hermétique à l’étrange, sourd au chant des anges.
Je sais l’alliance des comptes pour bâtir les empires, j’ignore l’alliance des âmes d’où éclot un sourire.