Boussole privée de nord, je girouette en nostalgie.
Hier mon rire d’enfant dévalait les prairies d’herbes folles
Hier j’enchantais les cieux de mes arabesques libres
Hier je m’enivrais d’amitié et de poésie
Hier je nourrissais le feu, du bois de l’inouï
Hier encore je confiais à la lune mes rêves d’humanité.
Hirondelle embourbée dans un printemps fossilisé, je peine à l’envol.
Cœur lourd, poumons sous camisole, je patauge en inquiétude.
Je hurle silencieusement ma haine des entraves.
Je tourne en rond dans la quadrature de ma cage.
J’explore mon vide, j’introspecte ma solitude.
Je nettoie les écuries de mes luttes intestines.
J’avance à reculons vers l’échafaud de mon devenir incertain.
Quand soudain, je répudie Madame Irma !
Je recycle en pétanque ses boules de cristal.
Je reconvertis les lanceurs d’alertes tragiques en lanceurs de poids vigoureux.
J’éjecte les pesanteurs du monde hors de mon champ vibratoire.
Arrière, peurs aveugles ! Arrière, colères sourdes !
Je tapisse de coton les parois de ma chrysalide printanière
J’orne de bambous les roches brunes de ma grotte éphémère
Sentinelle du brandon de confiance, je m’installe en ma présence.
Demain nos rires d’enfant dévaleront les prairies d’herbes folles
Demain nous enchanterons les cieux de nos arabesques libres
Demain nous nous enivrerons d’amitié et de poésie
Demain nous nourrirons le feu, du bois de l’inouï
Demain, à la claire lune, nous célébrerons notre naissance en humanité.
Texte de Frédérique Petit_3 avril 2020