Épuisement professionnel : un oubli de soi-même

Sol brûlé par la sécheresse

L’épuisement professionnel (ou burnout) touche 3 millions de Français. C’est la première cause d’absentéisme, pour des durées d’absence allant de 1 à 3 ans, particulièrement destructrices pour la personne, ses proches, et coûteuses pour l’entreprise.

L’expérience me montre qu’au-delà d’un contexte professionnel particulièrement sous tension, l’épuisement professionnel trouve ses racines dans les représentations, croyances et réflexes comportementaux de la personne, le plus souvent hérités de son histoire personnelle.

Mais tout le monde n’est pas affecté au même niveau par un environnement délétère. Certains trouveront par eux-mêmes des ressources, des espaces pour évacuer la pression, là où d’autres s’enfermeront dans une spirale, dans le déni des signaux d’alertes envoyés par leur corps ou leurs proches, vaguement conscients que quelques cloche, mais totalement incapables de s’en extraire.

A destination de chacun – manager, collaborateur, conjoint, parent -, voici quelques repères pour identifier les signaux, mieux comprendre et prendre les devants, avant que le ressort ne lâche.

Les candidats à l’épuisement professionnel

Il s’agit de personnes totalement investies dans leurs activités, voire identifiées à leur rôle professionnel. Elles font partie de ces collaborateurs « modèles », premiers arrivés, derniers partis, travaillant le week-end, engagés dans le projet de l’entreprise ou leur mission comme s’il s’agissait d’eux-mêmes. Craignant de déplaire ou d’être jugés, ils ne savent pas poser de limites. Incapables de lâcher les dossiers entrant dans leur champ de compétences, peu prompts à déléguer, et aux prises avec des engagements irréalistes, ils travaillent sans relâche, persuadés que s’ils n’agissent pas, eux, rien ne se fera. Le déséquilibre entre l’effort fourni et la reconnaissance perçue entame l’estime de soi.

Perfectionnistes, portés par des valeurs de fidélité à l’entreprise, de courage, d’exemplarité, ces personnes sont d’une grande exigence avec elles-mêmes et avec les autres, sur lesquels elles portent un jugement assez dur. Elles en arrivent à être persuadées d’être les seules à travailler correctement et suffisamment. Ce qui les isole progressivement de leurs collègues. De fait, ces derniers sont assez tentés de rejeter leur pair, manager ou collaborateur, devenu indisponible, acariâtre, irritable pour un rien.

Les repères familiaux transmis leur ont appris que prendre soin de soi relève de la faiblesse : on ne s’écoute pas, on tient bon, on fait face à ses responsabilités. Ayant perdu (ou jamais acquis) la capacité de ressentir et partager leurs vécus émotionnels, elles sont coupées de leurs signaux d’alertes naturels et laissent un stress chronique s’installer dans le quotidien.

Le ressort finit par casser.

Les symptômes de l’épuisement professionnel

Le corps, qui ne ment pas (contrairement au mental qui ne cesse de trouver des justifications plausibles), cherche à alerter. Cela se traduit par une fatigue persistante, y compris au réveil, un sommeil perturbé, des tensions ou douleurs physiques diffuses (dos, articulations), mais sans lien évident, pour la personne, avec sa posture au travail. Une prise ou une perte de poids. Des problèmes cutanés et des infections saisonnières plus fréquentes.

Il peut y avoir un manque d’entrain, de suite dans les idées, ou d’intérêt pour la vie en général « je n’ai plus de goût » ou même pour les activités personnelles. Une alternance entre l’agitation (tout vouloir faire) ou le ralentissement (ne rien vouloir faire, envie de s’isoler et de rester sous la couette). Une irritabilité marquée. Un sentiment d’incompétence, de l’anxiété, de l’indécision.

La prévention de l’épuisement professionnel

Le burnout témoigne d’un lien à soi rompu, d’un oubli de soi-même. Si vous repérez en vous quelques-uns de ses signaux caractéristiques, l’heure est venue de revisiter vos priorités, d’éclairer vos croyances, de conscientiser les modèles familiaux répétés, pour vous mettre au centre de votre projet de vie.

Reconnaître les signes avant-coureurs permet de réagir à temps, en intervenant sur trois grands axes :

1. Restaurer le lien au corps

Poser les bases d’une hygiène de vie nouvelle, pour restaurer le lien au corps en faisant de la place aux techniques de relaxation, à la méditation, aux soins de réalignement énergétique.
C’est l’occasion de revoir son alimentation : intégrer davantage de fruits et légumes crus (vivants !) et cuits, éviter le sucre et les excitants (café, thé…), boire régulièrement de l’eau dans la journée, prendre des compléments alimentaires (sels minéraux, vitamines, magnésium), privilégier l’alimentation naturelle pour échapper aux additifs alimentaires (E620 à E 625-glutamate…). L’objectif est d’éliminer progressivement l’acidité engendrée par le stress et qui encrasse l’organisme.

Les massages sont très bienvenus, de même que toutes les activités de plein air, les sports doux (qi gong, yoga, tai chi, etc.), et la stimulation musculaire intense.

2. Recréer le lien à l’autre

Le lien à l’autre est indispensable pour rompre l’isolement et dépasser la tendance au repli sur soi. Amis, collègues, famille sont parfois présents sans pour autant qu’une relation authentique soit installée.
La première étape consiste à retisser des liens, à oser dire et se dire, à goûter au soulagement d’un soutien, d’une aide, d’une écoute.
La seconde étape verra l’approfondissement des relations et invitera à l’engagement nécessaire au tricotage de liens de confiance. Restaurer ses facultés de proprioception (capacité à capter les ressentis physiques et émotionnels), les prendre en compte dans la relation, reconnaître et poser ses limites (délégation, gestion des priorités).
Les démarches collaboratives en entreprise, qui mettent la transversalité et le travail en équipe au centre, sont des occasions intéressantes, quand elles sont accompagnées, de grandir en maturité relationnelle.

3. Devenir l’artisan de sa croissance intérieure

Sentir en soi l’un ou l’autre des signes caractéristiques de la spirale d’épuisement constitue un appel à davantage de conscience et de présence à soi.
L’accompagnement de la croissance intérieure® invite à :

  • Clarifier les objectifs de vie personnels et professionnels, contacter ses rêves, découvrir ses moteurs intérieurs de motivation, pour réajuster son projet de vie.
  • Augmenter son niveau de conscience sur l’héritage familial en en éclairant les modèles, injonctions et les ombres, pour mieux s’en détacher.
  • Restaurer en soi l’alliance entre l’exigence (Principe Masculin) et la bienveillance (Principe Féminin) pour prendre sa place de façon ajustée dans les relations.
  • Élargir, enfin, sa personnalité en l’enrichissant de nuances, d’attitudes et d’habitudes nouvelles, plus respectueuses de son être profond, des autres, et du Vivant.

 

Lâcher l’ancien pour le nouveau : l’incontournable processus de deuil 

La question de la finitude se pose au regard du processus de deuil, qui est inévitable en période de transition. Comprendre et accepter ce que nous perdons est un passage nécessaire pour se libérer de l’ancien et faire place au nouveau, à ce qu’il modifie et à ce qu’il nous apporte.

Quatre grandes phases se succèdent lors d’un deuil, qu’il soit réel
ou symbolique :

  • Le déni : refus de la perte, état de sidération
  • La désorganisation : elle se manifeste dans les domaines matériels, relationnels et émotionnels. Se succèdent alors colère, tristesse, peur et joie.
  • L’acceptation : permet de vivre en paix avec soi et les autres
  • Le détachement : permet de construire à nouveau

Le processus de deuil, c’est donc passer de la désorganisation à la réorganisation sur les plans matériels, relationnels et émotionnels.

Les transitions en entreprise ou dans la société suivent le même chemin de deuil. Tout ce que peut être mis en œuvre pour écouter les vécus, honorer l’histoire,  et accueillir les émotions, est de nature à accompagner et faciliter la transition.