Comment passer de la culpabilité à la responsabilité ?

passage

 » Je ne suis pas à la hauteur », « Je suis vraiment nul », « Je devrais savoir faire cela », « C’est mon rôle de réussir ceci », etc.

Que de pression et de tensions quand, épinglés sévèrement par notre juge intérieur, nous nous remettons en cause ! La culpabilité est un poison qui nous ronge. Or, la confusion entre responsabilité et culpabilité est fréquente. Posons déjà un principe : nous nous sentons coupables parce que nous prenons des responsabilités qui ne nous appartiennent pas.
Voici quelques repères pour vous permettre de clarifier vos propres sentiments et d’ouvrir un dialogue avec votre culpabilité !

La responsabilité
Nous sommes toujours responsables des actions que nous faisons ou des réactions que nous avons puisque nous en sommes l’auteur. La preuve : nous aurions pu ne pas faire cet acte ou réagir autrement. Mais nous ne sommes pas responsables des actions ou réactions (ou non actions et non réactions !) que l’autre aura face à nos actions ou à nos réactions.

La culpabilité
La culpabilité, ou le sentiment de culpabilité, naît de la contradiction entre ce qu’on veut être (= mon idéal en tant que personne, et en tant que professionnel) qui l’on constate être ou les résultats des actions que l’on mène. Donc, de la différence entre l’image de soi-même et ce qu’on est/fait  réellement.

La culpabilité peut se tourner vers l’autre également : nous culpabilisons notre partenaire/notre collaborateur lorsque celui-ci/celle-ci ne correspond pas à ce que nous attendons de lui (en fonction de notre idéal d’un bon partenaire, d’un bon collaborateur, etc…). Or un idéal n’est pas la réalité. Il y a là un décalage entre l’image idéale de ce que nous avons de lui et ce qu’il est ou fait réellement. Ce dont nous le rendons responsable !

Conséquences pour soi :
– Écrasement, déflation, jugement de soi, déprime/dépression, baisse de l’estime de soi, remise en cause personnelle, auto accusation (« je suis nul, je ne suis pas à la hauteur, je n’y arrive pas »…)
– colère, rejet, mode « rebelle », mise à l’écart de soi et des autres

Conséquences pour les autres :
– Incompréhension, perte de repères dans la relation
– Démotivation
– Sentiment d’être abandonnés/rejetés,
– Colère en réaction (escalade de l’incompréhension, qui mène au conflit)
– Culpabilité en réaction (« je ne sais pas l’aider… »)

Passer de la culpabilité à la responsabilité :
Si l’on coupe le mot «responsabilité», cela donne respons-abilité : « habilité à répondre adéquatement à une situation donnée ». Il s’agit de prendre la responsabilité pleine et entière de ses actions et réactions et laisser à l’autre cette même responsabilité.

Comment faire ?
1/ Mettre des mots sur ce que l’on vit et ressent, pour éviter que la culpabilité ne se transforme en honte (car la honte se nourrit du secret).

2/ Ecouter sa colère car elle nous aide à remettre les responsabilités à la bonne place :
De quoi suis-je suis réellement responsable ?
– Clarifier l’idéal/ les idéaux que l’on a de soi (je devrais.., il faudrait que je…) en tant qu’homme/femme, en tant que conjoint, en tant que professionnel (selon les cas) : « un bon père, c’est … » « Un bon patron, c’est… », etc.
– Clarifier les idéaux que l’on a pour les autres (ma vision d’un « bon collaborateur », d’un « bon conjoint », d’un « bon fils »…)
– Vérifier intérieurement qu’en fait, personne d’autre que notre tyran intérieur ne nous demande d’atteindre cet idéal.
– Redéfinir son périmètre de responsabilité, en le faisant reposer sur des bases plus réalistes (baisser le niveau d’exigence), en renonçant à la toute-puissance (celle du sauveur/superman).

Quelles sont/quelles pourraient être les responsabilités des autres ?
Il est très utile de demander aux autres quelles sont leurs attentes. Très souvent, nous les avons prises en charge à leur place, en fonction de notre idéal et modèle de perfection, sans valider au préalable leurs besoins réels, leurs envies, et leurs propres capacités à prendre leur part.

Pour conclure
Nous pensons trop souvent pouvoir diriger nos vies à la seule puissance de notre « petit moi ». C’est la porte ouverte à la toute-puissance, à l’inflation de l’égo, et le chemin assuré, tôt ou tard, vers un vécu intérieur négatif, qui se manifestera dans nos vies par mille tensions, dont la culpabilité.
Dans une démarche plus spirituelle, on peut s’inspirer de cette phrase : « Prie comme si tout dépendait de Dieu, agis comme si tout dépendait de toi… » *

Belle invitation au lâcher prise, à l’abandon à la confiance en la Vie ! Avec au cœur la conviction que, si nous acceptions de renoncer à l’illusion de la maîtrise, nous serons guidés avec douceur vers notre réalisation.

* Cette phrase est issue de la maxime profonde et à première vue paradoxale de Maxime de Hevenesi, Jésuite hongrois :
« Telle est la première règle de ceux qui agissent :
Crois en Dieu
comme si tout le cours des choses dépendait de toi, en rien de Dieu.
Cependant mets tout en œuvre en elles,
comme si rien ne devait être fait par toi, et tout de Dieu seul. »
« Scintillae Ignatianae » (1705)

Le jour où Pierre RABHI m’a téléphoné

Pierre RABHI

C’était un de ces soirs d’hiver sombre et pluvieux comme le Nord sait parfois les inventer. Ma journée avait été maussade et contrariée de mille imprévus. Affalée sur ma chaise, j’en remâchais l’âpreté avec une certaine lassitude.

20h10. Mon téléphone portable sonne, affichant un numéro commençant par 04. Présumant l’intrusion commerciale d’une quelconque industrie tertiaire, je décroche en soupirant, déjà prête à éconduire l’importun.- » Oui ? » Marmonnais-je, m’exonérant de décliner mon identité.
– « Bonsoir, c’est Pierre Rabhi » prononce une voix douce.
– ….
– » Vous êtes Frédérique Petit ?
– « Oui », répondais-je automatiquement, mes neurones pédalant pour connecter le nom donné par l’interlocuteur à une réalité tangible. Les visages de tous les Pierre de ma vie défilaient devant mes yeux.
« – J’ai fini votre livre et je voulais vous remercier »

Mon livre. Pierre. Pierre Rabhi.
La connexion se fit enfin, me submergeant d’émotions.
C’est très spontanément et dans un élan du cœur que j’avais adressé mon premier livre, Les chemins intérieurs, fraîchement édité quelques semaines plus tôt, aux bons soins de l’association Colibris, leur demandant de bien vouloir le transmettre à Pierre Rabhi, dont j’ignorais l’adresse. Comme on lance une bouteille à la mer, avec l’envie de le remercier, de partager mon parcours et mes questionnements.
Les livres révèlent l’âme de leurs auteurs. Et je suis touchée, nourrie et inspirée depuis longtemps par celle de Pierre Rabhi. Par son parcours de vie. Par la délicatesse de ses écrits. Par sa quête et son engagement. Il fait partie de ceux dont la pensée m’accompagne.
Et puis j’avais oublié ce geste, puisque je n’avais aucune attente de réponse.
Après coup, et au-delà du plaisir évident que j’ai eu d’échanger quelques minutes avec cet homme, j’ai été frappée par une autre réalité : la simplicité de son geste.
J’ai pris conscience que mon vécu social et professionnel m’avait tellement habitué à un cloisonnement invisible entre les visibles et les autres, entre les puissants et les autres, entre les actifs et les autres, que j’avais occulté la possibilité qu’un être humain puisse s’affranchir de sa notoriété, de son savoir et d’un agenda plein à craquer, pour se rendre disponible à un inconnu en quelques mots d’amitié et de reconnaissance réciproque.
Magnifique incarnation de l’absence d’identification à son statut social ! Combien sommes-nous, qui, nous croyant ou nous désirant « au-dessus de la mêlée », encombrés de pudeur ou de représentations figées, restons coupés de cette simplicité d’être, incapables de se relier à l’autre gratuitement et sans calcul ?
Ce coup de fil de 10 minutes m’a davantage inspiré et appris sur la posture de leader humain qu’en 20 ans en entreprise.
Merci Pierre, pour ce cadeau.

Derrière chaque peur se cache un rêve

brouillard

« Là où est l’angoisse, est la tâche ». Carl Gustav Jung, par cette affirmation, nous invite à diriger notre attention vers ce qui nous angoisse le plus, parce que c’est là que nous pouvons le plus grandir.

Peur de l’autre, peur de la différence, peur de perdre (son job, son confort, sa jeunesse, son conjoint, sa santé, sa réputation, ses relations, etc.), peur du rejet, peur de la solitude, peur de l’inconnu, peur de l’abandon, peur de la maladie, peur de mourir…

Les sources de peurs ne manquent pas…

Souvent aseptisées par le masque social (manque de temps, compensations compulsives sur la nourriture, les loisirs, le tabac), parfois réduites au silence par le déni, ces peurs finissent par orienter nos actions, puis, petit à petit, par piloter nos vies !

Combien de projets personnels ou professionnels n’entamons-nous pas par peur d’échouer ?

Qui n’a jamais refoulé un avis, un souhait par peur de déplaire à sa famille, à son réseau social ?

L’anxiété, les doutes, le stress contractent, rétractent, resserrent, rigidifient, isolent.  Ils déclenchent des réflexes de protection, avivent les besoins de sécurité.

En cela, la peur étouffe l’envie, d’innover, d’entreprendre. La regarder en face demande du courage.

Un inestimable cadeau est offert à ceux qui osent : celui de recontacter leurs envies et leurs rêves, de redevenir créatif. Car la peur et l’envie sont les deux faces d’une même médaille.

Au plan de l’individu, à l’heure où les systèmes s’affolent, la confrontation de chacun à ses peurs permet de progresser dans la connaissance de soi en apprivoisant sa part d’ombre, de rester serein et souriant, et de redéfinir son projet de vie.

Au plan collectif, nous avons besoin d’inventer et d’expérimenter de nouveaux modes de vie et de travail. Les inventeurs et leaders dont notre époque a besoin sont ceux qui, solidement ancrés à leur être intérieur, sont capables, alors même que tout semble s’écrouler, au contact intense de leur vulnérabilité, de continuer à s’ouvrir aux autres et au monde avec confiance et sérénité.

 

Lâcher l’ancien pour le nouveau : l’incontournable processus de deuil 

La question de la finitude se pose au regard du processus de deuil, qui est inévitable en période de transition. Comprendre et accepter ce que nous perdons est un passage nécessaire pour se libérer de l’ancien et faire place au nouveau, à ce qu’il modifie et à ce qu’il nous apporte.

Quatre grandes phases se succèdent lors d’un deuil, qu’il soit réel
ou symbolique :

  • Le déni : refus de la perte, état de sidération
  • La désorganisation : elle se manifeste dans les domaines matériels, relationnels et émotionnels. Se succèdent alors colère, tristesse, peur et joie.
  • L’acceptation : permet de vivre en paix avec soi et les autres
  • Le détachement : permet de construire à nouveau

Le processus de deuil, c’est donc passer de la désorganisation à la réorganisation sur les plans matériels, relationnels et émotionnels.

Les transitions en entreprise ou dans la société suivent le même chemin de deuil. Tout ce que peut être mis en œuvre pour écouter les vécus, honorer l’histoire,  et accueillir les émotions, est de nature à accompagner et faciliter la transition.